Professeur aux Cours de civilisation française de la Sorbonne (CCFS) depuis 2003, Matthias Vincenot enseigne le français avec une approche profondément humaine, vivante et bienveillante. Poète, auteur, passionné de littérature et de musique, il ne se contente pas de transmettre une langue : il cherche avant tout à libérer ses étudiants, à les rendre plus confiants et autonomes dans leur expression.
« On n’a pas besoin d’un niveau C1 pour commencer à être indépendant », affirme-t-il. Pour lui, l’enseignement du français ne doit pas être paralysé par la peur de mal faire. Ce qu’il veut avant tout, c’est lever les blocages, montrer à chaque étudiant qu’il est capable d’avancer seul, plus vite qu’il ne le pense.
Sa pédagogie passe aussi par l’expérience. Il évoque avec enthousiasme ces moments uniques qu’il crée en classe, comme lorsqu’il fait venir des artistes pour parler directement aux étudiants. Il se souvient notamment de la venue du chanteur Patrick Coutin, connu pour son tube “J’aime regarder les filles”, qui a raconté comment le hasard, et le contexte politique des radios libres en 1981, avaient contribué au succès de sa chanson. Des anecdotes qui montrent aux étudiants que la langue et la culture française ne sont pas figées, mais bien vivantes, connectées à leur époque.
Lorsqu’il s’agit de lecture, Matthias Vincenot adapte toujours ses recommandations au niveau de ses élèves. Pour les niveaux débutants, il conseille des livres pour enfants, accessibles et souvent ludiques. Pour les niveaux intermédiaires, il recommande des auteurs comme Modiano, Le Clézio ou Jérôme Attal, dont la langue, tout en restant simple, peut ouvrir à des réflexions profondes. Et pour ceux qui montrent une sensibilité littéraire, il partage volontiers son amour pour la poésie, notamment à travers l’anthologie Poésie de langue française, une œuvre collective où chaque poète explique son lien à la langue.
Il tient aussi à rassurer les étudiants qui se sentent intimidés à l’idée d’écrire de la poésie. Il leur cite souvent Guillevic, poète majeur du XXe siècle, qui disait simplement : « La poésie, c’est autre chose. » Une façon d’inviter chacun à écrire librement, sans se perdre dans des règles rigides.
Enfin, il donne un conseil pratique et libérateur : oser lire et écouter du français sans dictionnaire. Il invite ses étudiants à accepter de ne pas tout comprendre, mais à s’entraîner à déduire le sens à partir du contexte, que ce soit dans le métro, à la radio ou dans un roman. Pour lui, c’est une étape essentielle dans l’apprentissage : sortir du réflexe de tout traduire et commencer à penser en français.
En somme, Matthias Vincenot incarne une pédagogie à la fois exigeante et accessible, où l’on apprend à aimer la langue autant qu’à la comprendre.